C'est précisément à Antananarivo, capitale de Madagascar que germe, entre le hasard et la nécessité, le projet « l'envers du monde ».
Virginie Toussaint, (co fondatrice de l'Envers du Monde) coordonne alors pour l'ONG française Interaide, un programme dit "d'accompagnement familial" (AF) avec une équipe de 25 animateurs sociaux malgaches qui suivent à domicile près de 800 familles / an en situation de grande pauvreté.
Dans le cadre du programme AF, au delà du suivi des familles à domicile, divers ateliers sont organisés chaque semaine par les animateurs sociaux et notamment des ateliers auprès d'enfants défavorisés issus de ces familles (enfants battus, négligés, descolarisés...). Autour d'une visite au zoo qui permet à ces enfants de sortir de leur quartier, se structure un projet "d'art plastique". Aurélia Moynot, artiste plasticienne, résidente à Madagascar est invitée par Virginie à former les animateurs sociaux à la technique du papier mâché afin qu'ils forment à leur tour les enfants qui réaliseront un aquarium géant et divers dessins qui seront exposés lors d'une grande fête dans leur quartier où seront invités leurs parents.
C'est après ce projet qui connu un beau succès, qu'au hasard d'un séjour a Nosy Be (une île au nord de Madagascar), Virginie côtoyant les pieds dans l'eau des bancs de sardines au bord des rivages, eu l'envie de réaliser des sardines en papier mâché sans autre objectif que de se faire plaisir. Elle fut par la suite surprise que ces objets de décoration rencontrent une demande locale.
C'est alors que germe l'idée de développer une forme de travail s'adaptant aux réalités des femmes très pauvres suivies par le programme AF, souvent analphabètes, sans aucune formation ni savoir-faire, mères de nombreux enfants en bas âge, n'ayant accès ni au micro-crédit, ni à de la formation professionnelle et pour lesquelles aucune solution économique ne pouvait être proposée. Virginie suggère aux animateurs sociaux de sélectionner quelques femmes à qui l'on propose de fabriquer des sardines en papier mâché. Formées en quelques heures, elles travaillent à domicile, à leur rythme, et peuvent garder leurs enfants avec elles. Le principe est de ne jamais les mettre échec en leur imposant des horaires, des déplacements et des objectifs qu'elles ne pourraient tenir. Elles sont payées à la pièce sur la base d’un salaire minimum légal, améliorant leurs conditions sans créer de tension au sein de leur communauté de vie. Très vite les revenus générés permettent à la famille d'améliorer le quotidien, de reprendre confiance. Les animateurs sociaux peuvent ensuite engager un travail sur la gestion du budget familial, avant d'accompagner la famille sur un projet professionnel à plus long terme.
Au départ Virginie achète toutes les productions et recherche des débouchés à Madagascar mais aussi en France lors de ses retours annuels.
Mais très vite devant le succès social de cette approche, elle décide avec Cécile Martignac , une amie française résidente également à Madagascar qui accompagne de son côté une association de brodeuses, de créer l'association l'Envers du monde qui voit le jour en juin 2009.
Mme Miisatiana dite Miisa, ex travailleur social à Inter Aide s’est montrée très intéressée par le concept développé par l’Envers du Monde et a souhaité monter sa propre association en vue de poursuivre le projet testé par l’Envers du Monde. C’est ainsi qu’est née mi 2009 l’association MIIS’ART’DINES, première association partenaire de l’Envers du Monde.
L'Envers du Monde transmet à Miis'Art'Dines la démarche, les différents modèles d'objets en papier mâché, les réseaux de collecte de papier recyclé, les marchés locaux... L'Envers du Monde s'engage les deux premières années à acheter toutes les productions de Miis'Art'Dines qui seront vendues à l'export, les revenus générés permettant de payer les femmes et d'en recruter de nouvelles. La principale exigence de L'Envers du Monde étant que Miis'Art'Dines recrute exclusivement des femmes en situation de très grande pauvreté, référées par les animateurs sociaux du projet AF.
MIIS’ART’DINES continue d’être partenaire du programme AF qui repère les familles en situation d’urgence économique et les réfère à MIIS’ART’DINES.
MIIS’ART’DINES propose alors à ces femmes une formation de deux heures à la technique du papier mâché. Une fois formées, elles fabriquent à leur rythme des sardines ou autres formes qui serviront à confectionner des mobiles selon le modèle inventé par l’Envers du Monde.
Chaque vendredi elles apportent à l’atelier de MIIS’ART’DINES le produit de leur fabrication. Elles sont payées à la pièce sur la base d’un salaire équitable. MIIS’ART’DINES leur propose systématiquement d’ouvrir un compte épargne où une partie de leur salaire peut être déposé (ce qui permet d’engager un travail sur la gestion du budget familial) et donne également accès à tous les membres de leur famille à une micro assurance santé.
En parallèle, les femmes sont accompagnées par MIIS’ART’DINES en lien avec le programme AF pour l’élaboration d’un projet personnel post MIIS’ART’DINES. Ce passage à MIIS’ART’DINES se veut en effet un tremplin, le temps de « sortir la tête de l’eau », de reprendre confiance avant de mener son propre projet en toute autonomie. Les femmes travaillant à domicile restent ainsi sur le projet entre 8 et 12 mois.
Les femmes qui se montrent les plus habiles peuvent être sélectionnées pour travailler en atelier pour réaliser les tâches de peinture et d’enfilage des mobiles. Les temps de formation étant longs, elles restent quant à elles en général deux ans sur le projet.
MIIS’ART’DINES se charge de commercialiser les mobiles et les bijoux dans plusieurs boutiques et marchés à Madagascar mais aussi en France grâce à l’appui de l’Envers du Monde qui de 2009 et 2011 a garanti l’achat de l’ensemble des productions. Les bénéfices générés servent à renouveler le matériel (peinture, fils, perles …) à rémunérer de nouvelles femmes, à payer l'assurance santé mais aussi à assurer la coordination (contrôle qualité des produits, gestion administrative et de la production, logistique : collecte des cartons, des achats, des envois).
l'Envers du monde continue d'accompagner la structuration de Miis'Art'Dines en fonction de ses besoins et de ses demandes, soit par le financement d'actions ponctuelles, soit par des missions d'appui technique.
Afin d'évaluer l'impact réel de la démarche développée par l'Envers du Monde, une mission d'évaluation sera réalisée par Gaspard Schlumberger, Vive Président de l'Envers du monde qui a travaillé pendant près de 20 ans en ONG dans les pays du Sud et notamment à Madagascar.
Près de 60 entretiens seront réalisés auprès de femmes intégrées dans le projet de Miis'Art'Dines.
Depuis sa création mi 2009 Miis'Art'Dines a déjà touché plus de 300 femmes qui ont amélioré leurs revenus en reprenant confiance en elles.
Aujourd’hui, l’Envers du Monde continue d’appuyer MIIS’ART’DINES pour la recherche de débouchés commerciaux à l’étranger mais aussi pour la création de nouveaux modèles. L'Envers du monde assure en moyenne deux commandes d'artisanat par an.
En 2016 l'Envers du monde prévoit de réaliser une nouvelle mission d'appui technique auprès de Miis'Art'Dines afin d'évaluer les besoins de son partenaire en termes de formation, d'investissements, de projets sociaux d'acompagnement et d'apporter son appui pour de nouvelles créations